Le mystère du “Trésor du Faouëdic” à Lorient : des archives aux fouilles, 80 ans d’un secret enfin prêt à être révélé

trésor du faouëdic

Tout commence à Lorient, au cœur de l’été 2025.
En feuilletant de vieux dossiers municipaux, Jean Guilbert, passionné d’histoire locale, tombe sur une série de documents datés de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, un inventaire de 1944, rédigé en allemand et tamponné Kommandantur Lorient, évoque une mystérieuse « réserve de valeurs ».

À première vue, le terme semble anodin. Mais, pour les spécialistes, il désigne à l’époque des titres financiers, bons du Trésor et obligations, souvent mis à l’abri par les autorités d’occupation. Quelques pages plus loin, un autre registre civil mentionne des « titres et bons confiés à un service administratif local ».

C’est la découverte d’un petit carnet en cuir, appartenant à un officier allemand nommé Karl-Heinz Fromm, qui change tout.
Sur l’une des pages, une note griffonnée au crayon attire l’attention :

« Bien protégé sous mur de soutènement, Faouëdic. »

Cette mention fait immédiatement écho à l’avenue du Faouëdic, en plein centre-ville de Lorient.
Dès lors, l’enquête s’oriente vers ce secteur, autrefois stratégique, proche du port et des infrastructures militaires.

Des archives croisées aux premières preuves cartographiques

En recoupant les sources, Jean Guilbert met la main sur un plan cadastral de 1943.
Sur la parcelle n°147, correspondant à un ancien dépôt municipal, une croix dessinée à l’encre brune attire l’attention. À côté, plusieurs annotations en allemand, dont les mots Blind (« aveugle ») et Hohlraum 1m³ (« cavité d’un mètre cube »), semblent décrire un espace creux dissimulé dans les fondations.

D’autres documents évoquent, après les bombardements de 1943, des « mesures préventives » ordonnant le transfert de valeurs non bancaires vers un emplacement incombustible.

Tout indique qu’en août 1944, alors que la ville est assiégée et sur le point d’être libérée, les autorités allemandes auraient caché un dépôt financier dans les sous-sols d’un bâtiment municipal pour éviter qu’il ne tombe aux mains des Alliés.

Un faisceau d’indices renforcé par deux nouvelles trouvailles

Depuis cette découverte initiale, l’enquête a considérablement progressé.
En octobre 2025, Jean Guilbert a mis au jour deux nouveaux documents qui viennent consolider la thèse d’un dépôt volontaire et organisé :

Une note de service interne de la Kommandantur mentionnant la « sécurisation de titres et bons sous structures incombustibles au Faouëdic » ;

Un plan d’exécution indiquant le renforcement d’un « mur de soutènement » durant l’été 1944, accompagné de la mention allemande Sicherung abgeschlossen (« sécurisation achevée »).

Ces pièces d’archives, authentifiées par des experts, correspondent parfaitement aux indices initiaux trouvés dans le carnet de Karl-Heinz Fromm.

La science entre en jeu : un signal détecté sous l’avenue du Faouëdic

Pour confirmer ou infirmer l’existence d’une cache, des spécialistes ont récemment fait appel à la technologie.
Début novembre 2025, une campagne d’imagerie souterraine a été menée sur le secteur. Les résultats sont sans appel : le géoradar a détecté une cavité rectangulaire d’environ un mètre cube, précisément à l’endroit désigné par les plans de 1943.

Les ingénieurs évoquent une structure maçonnée artificielle, à environ 1,8 mètre de profondeur, aux contours trop réguliers pour être d’origine naturelle.

L’équipe scientifique prévoit désormais d’introduire une caméra endoscopique, afin de visualiser l’intérieur de la cavité sans effectuer de fouille destructive. Cette étape cruciale pourrait permettre d’identifier la nature de l’objet enfoui caisse, coffre, ou dépôt scellé sans risquer de détériorer les structures environnantes.

Une démarche prudente et scientifique

Conscient de l’intérêt patrimonial de la découverte, Jean Guilbert s’est entouré d’un collectif d’experts : historiens, géologues, ingénieurs en géophysique et archivistes.
Leur approche reste rigoureuse, loin de toute chasse au trésor sensationnaliste.

« Ce n’est pas l’or que nous cherchons, mais la vérité historique », explique Jean Guilbert.
« Si un dépôt existe, il s’agit d’un fragment intact de l’histoire de Lorient, caché au moment le plus critique de la guerre. »

Les autorités locales, informées des travaux, rappellent que toute intervention sur site devra être autorisée et encadrée afin de préserver le patrimoine urbain.

Un trésor financier, mais surtout mémoriel

Les historiens estiment que la valeur d’origine des titres évoqués dans les documents pourrait atteindre près de dix millions d’euros.
Même si leur conversion actuelle serait partielle, la portée symbolique et historique d’une telle découverte serait immense.

Car au-delà de la perspective d’un trésor, c’est toute la mémoire de la ville qui resurgit : celle d’une Lorient en guerre, bombardée, mais où l’administration continuait d’organiser, de cacher, de protéger.

Et maintenant ?

Les prochains jours seront décisifs.
Les images endoscopiques devraient permettre de savoir si la cavité contient effectivement des documents, coffres ou éléments métalliques.

Quelle que soit l’issue, l’enquête du « Trésor du Faouëdic » aura déjà accompli une prouesse rare : rallier archives, science et mémoire collective autour d’une même quête.

Peut-être, sous les pavés de l’avenue du Faouëdic, repose-t-il encore un fragment tangible du passé.
Un trésor, certes. Mais surtout un témoignage scellé de l’Histoire.

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