Technologie : comment divise-t-elle les gens ? Impact social et solutions

Deux adolescents côte à côte, chacun absorbé par l’écran de son téléphone, rient sans jamais croiser le regard de l’autre. Le Wi-Fi parcourt les continents, mais parfois, il fait tomber un mur de verre entre deux mains pourtant proches.

Entre les groupes WhatsApp où certains restent à la porte, les réseaux sociaux qui dressent des camps ennemis, et les algorithmes qui tracent des frontières invisibles, la technologie érige ses propres barrières. Pourtant, il existe des pionniers qui prouvent qu’un autre usage est possible, capable de rassembler au lieu de séparer.

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La technologie, facteur de division sociale : état des lieux

La fracture numérique façonne de nouveaux clivages. Les technologies numériques promettent monts et merveilles : école, santé, emploi. Mais la réalité n’est jamais aussi simple. Les inégalités d’accès frappent selon le lieu de vie, l’âge, la situation économique. Et ce décalage s’ajoute à une empreinte écologique du numérique qui pèse, souvent, sur les plus vulnérables.

Dans les grandes villes, les smart cities parient sur l’hyper-connectivité pour fluidifier les transports ou mieux gérer les ressources. Mais la généralisation de ces outils laisse sur le bord du chemin ceux qui ne parlent pas la langue du digital. L’Estonie, par exemple, fait figure de modèle en matière de transformation numérique avancée : administration en ligne, accès généralisé… sauf que tout repose sur la solidité du réseau, sans filet pour ceux qui décrochent.

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  • La surconsommation numérique sème des conséquences sociales toxiques : dépendance, isolement, déséquilibres dans la société.
  • Le numérique bouleverse la manière dont on se relie aux autres, tout en creusant l’écart entre ceux qui surfent et ceux qui restent à quai.

Le numérique n’a rien d’anodin : il rebat les cartes, redistribue les pouvoirs, invente de nouvelles hiérarchies. Les promesses d’inclusion masquent parfois une réalité plus rugueuse : l’exclusion numérique devient un indicateur social de plus en plus marquant.

Pourquoi les outils numériques accentuent-ils les fractures entre individus ?

Les plateformes de médias sociaux s’appuient sur des algorithmes de recommandation qui trient l’information à notre place, en fonction de ce qu’ils croient savoir de nous. Résultat : chacun se retrouve enfermé dans sa bulle de filtres. Plutôt que d’élargir nos horizons, le numérique rabougrit parfois notre univers, amplifiant le repli sur soi et la polarisation.

  • Les réseaux sociaux propagent en un éclair les fake news, ce qui fracture encore davantage le tissu social.
  • Les bulles de filtres servent de terreau à la radicalisation en ligne : les opinions extrêmes font du bruit, le débat s’étiole.

Dans ce contexte, l’exclusion numérique prend une coloration nouvelle. Ceux qui ne maîtrisent pas les outils ou n’ont même pas d’accès se retrouvent hors-jeu : des services, des discussions publiques, de la citoyenneté même. La validation sociale des technologies, portée par la Fondation TECSOS, cherche à retourner la table : impliquer les plus fragiles dans la conception des outils pour éviter qu’ils ne soient laissés de côté.

Facteur Conséquence sociale
Algorithmes de recommandation Renforcement des bulles de filtres, isolement idéologique
Fake news Confusion, désinformation, affaiblissement du lien social
Exclusion numérique Marginalisation, fracture citoyenne

Le numérique, s’il n’est pas pensé dans une logique d’inclusion, transforme les différences d’accès ou de compétences en véritables failles sociales, béantes et durables.

Des exemples concrets d’exclusion et de polarisation à l’ère digitale

Des plateformes éducatives en ligne comme Khan Academy, Coursera ou edX semblent ouvrir l’école à tous. Mais la fracture numérique ne disparaît pas d’un clic : certains restent loin derrière, faute de connexion stable ou de savoir-faire informatique. En Afrique, le programme Google Digital Skills for Africa propose des formations pour réduire ce fossé, pendant que One Laptop per Child distribue des ordinateurs à petit prix. Mais sans réseau, sans électricité ou sans formation adaptée, des milliers d’enfants restent à l’écart de l’école digitale.

La télémédecine connaît un essor fulgurant : Babylon Health, par exemple, offre un accès à des soins à distance dans des zones médicalement sinistrées. Pourtant, ceux qui n’ont pas d’outils adaptés ou qui peinent à naviguer sur une interface numérique restent exclus du système de soins.

Sur le marché du travail digital, la promesse de liberté incarnée par Upwork ou Freelancer cache une autre réalité. Les travailleurs indépendants, souvent isolés et sans protections collectives, affrontent une concurrence mondiale féroce. Résultat : les écarts se creusent, les revenus se polarisent, la précarité guette ceux qui n’ont pas les bons atouts numériques.

  • Les FinTech comme M-Pesa ou Kiva élargissent l’accès aux services financiers, mais laissent de côté ceux qui n’ont ni équipement ni aisance numérique.
  • La digitalisation des marchés traditionnels (Free, Sarenza, Zalando) rebat la relation client, au profit de ceux qui savent manier les outils numériques.

technologie division

Des pistes pour retisser du lien social à l’heure des innovations technologiques

La validation sociale des technologies s’impose aujourd’hui comme une boussole. Portée par la fondation TECSOS, cette démarche veut s’assurer que les outils numériques servent vraiment ceux qui en ont le plus besoin. Le guide de validation sociale, élaboré main dans la main avec des associations, des usagers, des concepteurs, privilégie la co-construction. La technologie devient alors moteur d’inclusion, pas d’exclusion.

Le concept de datasphère, théorisé par Stéphane Grumbach dans « L’empire des algorithmes », met sur la table la question d’une gouvernance collective des flux d’informations. Cette vision rappelle combien la responsabilité des plateformes et des États doit être repensée pour éviter qu’une partie de la population ne soit laissée sur le bas-côté.

Des initiatives citoyennes prennent forme. Le Politoscope de David Chavalarias, par exemple, dissèque les échanges politiques sur Twitter et met en lumière la façon dont les débats publics se structurent – ou se délitent. Ce type d’outil ouvre la voie à une meilleure compréhension des dynamiques d’influence et de polarisation, tout en prônant une plus grande transparence.

  • Des programmes comme « Matheuses », ou les stages des Cigales, luttent contre les discriminations dans les sciences grâce à un numérique plus équitable.
  • Le vote électronique, décortiqué par Véronique Cortier et Pierrick Gaudry, soulève la question du secret et de la transparence des scrutins. La CNIL multiplie recommandations et audits, et des systèmes ouverts tels que Belenios cherchent à restaurer la confiance collective.

La réflexion éthique sur le numérique, portée par des chercheurs et des institutions, exige une vigilance constante. Concevoir ensemble, être attentif à l’égalité et à la transparence, c’est donner à l’innovation la force de retisser les liens au lieu de les défaire. Le défi est immense, mais l’histoire n’est pas encore écrite : aux citoyens, aux concepteurs, aux décideurs d’imaginer une technologie qui relie vraiment, au lieu de séparer toujours plus.

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